Rencontre avec Jean Rainaud le 22/11/10…

La présentation était principalement articulée autour de deux thèmes :
– Visibilité et communication (du travail des régions);
– Mémoire d’un lycée/identité.

Autour de la visibilité et de la communication, Jean Rainaud a d’abord voulu attirer notre attention sur la décentralisation de l’éducation (loi de 1983 appliquée en Janvier 1986).
Le but de cette loi est de répartir et partager les compétences en confiant les responsabilités des collèges et lycées à des collectivités (conseil régional, départemental…). Les départements et régions peuvent aujourd’hui donner leur avis sur les collèges et lycée de manière légitime. La montée en puissance des collectivités se manifeste également par l’évolution de leurs dépenses dans le budget de l’éducation nationale (14% en 1980 => 25% en 2006). Du point de vue des usagers du lycée, ces changements se sont manifestés de manière très sensible, lorsque en 2006, le service de restauration est passé à la charge des collectivités. On s’étonnait soudain des écarts considérables du prix des repas entre les lycées (différence allant jusqu’à 50% pour un service de même ordre !).

Pour les lycées, les régions sont en charge :
– des locaux
– de la restauration
– du matériel (y compris informatique…)
– de l’entretien

L’état gère quant à lui :
– l’administration du lycée
– la pédagogie
– l’enseignement
– la santé (en milieu scolaire)
– l’intendant du lycée

On comprend très vite que le partage des compétences n’est pas aussi tranché qu’il ne le paraît. Par exemple l’intendant gère le personnel d’entretien du lycée, les services informatiques et le matériel du lycée dépendent pour un bonne partie de la pédagogie (matériel indispensable pour enseigner : laboratoires des filières scientifiques, ateliers des STI…). Tout est tellement imbriqué qu’on ne sait plus toujours qui est responsable de quoi, qui doit financer quoi.
Ces problèmes de lisibilités et de clarté de la répartition des tâches induisent clairement une méconnaissance générale sur les projets des régions pour les lycées.
Les régions distribuent néanmoins, en début d’année, des livrets A5 pour expliquer leur rôle aux parents, professeurs et lycéens… (On imagine le nombre de feuillets à produire pour tous les lycées d’une région… sachant que le budget des régions n’est pas illimité…). Enfin Jean Rainaud a pointé du doigt un moyen efficace de communication : les panneaux d’information (souvent disposés lors de la construction des lycées).

Concernant l’identité du lycée, Jean Rainaud a cité différents éléments à prendre en considération :
– taille
– section / enseignements
– histoire (nom…)
– image véhiculée (réputation, attention à la corrélation des vrais résultats du lycée avec l’image qu’il véhicule : un très « bon » lycée peu avoir une très mauvaise image).
Les élèves peuvent aussi s’approprier l’image de leur lycée (sentiment d’appartenance).
– l’architecture
– réseaux (anciens élèves…), associations…

Enfin Jean Rainaud nous a fait part de quelques interrogations :
– Comment faire le lien entre architecture et pédagogie (adaptabilité des locaux aux différents systèmes ? modularité des locaux et limites ?).
Le document remis au région sera sensé suggérer des nécessités… il faut peut être réinventer des éléments (invention de nouveaux équipements, de solutions simples => conseils aux architectes).
– Comment gérer la sécurité d’un lycée (ouvert/fermé ?), comment rentabiliser les locaux lorsqu’ils ne sont pas occupés (2/3 du temps !).

Jean Rainaud est issu de l’encadrement administratif de l’Education nationale. Il a exercé en services académiques (rectorat), dans l’enseignement supérieur, et au ministère de l’Education nationale. Il a par ailleurs une double expérience de responsable en collectivité, puisqu’il a été détaché successivement au Conseil régional d’Aquitaine (directeur de l’Education de 1998 à 2006) et au Conseil régional Nord Pas de Calais (chef du service de la programmation des investissements depuis le 1er janvier 2010).
Cette double vision du système éducatif l’a conduit à observer in situ la réalité de la décentralisation et son évolution depuis l’acte 1.