L’école comme plate-forme de déploiement de l’alimentation durable à Saint-Gilles.
Quelles sont les initiatives en faveur d’une alimentation durable à Saint-Gilles? Comment les écoles de la commune peuvent-elles représenter un vecteur de sensibilisation des enfants et de leurs familles? Ces deux questions sont le thème de notre première rencontre aujourd’hui avec Alexandre Dewez, coordinateur du réseau GASAP (Groupe d’Achat Solidaire de l’Agriculture Paysanne) sur Bruxelles et Dominique Poncelet, chargée de projets pour l’instruction publique à Saint-Gilles.
Bon nombre d’exemples de synergies entre alimentation et écoles sur la commune ou ailleurs émergent au fil de la discussion:
Projets pédagogiques…
Les écoles primaires engagent chaque année des projets pédagogiques thématiques parmi lesquels l’alimentation durable est souvent représentée. C’est l’occasion de colorer l’ensemble du travail en classe et des activités hors de la classe: expliquer les fruits et les légumes, les saisons et l’agriculture aux petits urbains qui n’ont pas l’occasion de la voir de près. Mais c’est aussi aller plus loin et visiter une ferme locale, inviter un agriculteur en classe à expliquer les enjeux d’une alimentation durable ou organiser un ‘atelier du goût’ qui montre comment allier le bon et le sain au quotidien…
Collations exemplaires…
Au-delà du cadre pédagogique, l’alimentation demande la démonstration par l’exemple: la collation collective, préparée par un parent pour tous les enfants d’une classe. Hier un légume, aujourd’hui un fruit, demain un laitage: synergie de groupe et effet de surprise incitent les enfants à une collation plus saine. Une école de Forest propose une autre solution: elle est en relation avec un producteur de fruits bios, pour la distribution de pommes et poires aux enfants à 10 heures. D’autres écoles encore expérimentent des petits magasins de collations durables tenus par des élèves…
Evénements à l’école…
La fête de l’école et tous les événements qui s’y déroulent sont aussi des moments propices à introduire l’alimentation durable: inviter les parents autour d’une bonne soupe en hiver ou demander à chacun d’apporter un plat végétarien pour mettre à profit la richesse des cultures immigrées en la matière… La fête de l’école représente un moment privilégié dans le fait qu’elle est un moment d’ouverture et de partage: les parents, les familles viennent à l’école, se rencontrent, s’assoient autour de la même table et échangent leurs repas. Une occasion rêvée pour sensibiliser à l’alimentation durable…
Les enseignants d’abord…
Deux écoles de la commune de Saint-Gilles se font livrer des paniers bios. Cette initiative est destinée pour l’instant au personnel de l’école et aux enseignants mais elle montre bien comment une école peut jouer le rôle de point de livraison pratique pour toutes les populations qui s’y croisent. C’est déjà le cas de l’école de Saint-Luc qui accueille deux GASAP qui livrent leurs produits le mercredi en fin de journée et suscitent ainsi l’intérêt et la participation des étudiants…
La cantine à moyen terme…
La question de la cantine est plus difficile. Les cantines scolaires dépendent de plus en plus de cuisines centrales ou de fournisseurs extérieurs. C’est donc au niveau de ces derniers qu’il faut intervenir nous explique par ailleurs Catherine Rousseau, Conseillère Environnement chargée de l’alimentation durable à la Région Bruxelles Capitale et porteuse du projet ‘Cantines durables’. Les collectivités locales intègrent progressivement des contraintes durables dans leur cahier des charges et font levier sur les acteurs du marché. C’est ce que 65 cantines sur la région ont mis en place entre 2009 et 2010.
A travers les différents exemples évoqués au cours de cette réunion, on voit bien se dessiner la notion d’école comme plate-forme de déploiement de l’alimentation durable dans le quartier où elle se trouve: projets d’éveil pédagogique des enfants en classe; actions de sensibilisation portant sur les collations; fête de l’école sur le thème de l’alimentation durable pour impliquer les familles des élèves; point de livraison pratique de paniers bios pour le personnel, les enseignants et les parents qui viennent chercher leurs enfants; visites régulières d’agriculteurs qui livrent des produits locaux et expliquent l’agriculture durable; fournisseurs des cantines répondant progressivement à des cahiers des charges alimentation durable… Tout un programme de synergies entre des initiatives qui se renforcent, s’appellent les unes les autres vers une diffusion de l’alimentation plus saine et locale aux sein des populations qui se croisent à l’école de leur quartier!
Prochaines étapes? Avec l’aide de Dominique Poncelet et d’Alexandre Dewez, nous allons identifier les initiatives existantes les plus prometteuses pour cette vision des écoles comme plate-forme de déploiement de l’alimentation durable dans le quartier et nous allons leur rendre visite, raconter en images comment elles fonctionnent, les interviewer pour comprendre mieux les solutions qu’elles ont mise en place et les problèmes qu’elles rencontrent, envisager avec avec leurs directions et les enseignants comment elles pourraient converger vers un engagement plus large de la population de Saint-Gilles vers le développement durable…