2ème journée de repérage > À la rencontre du quartier “Centre historique-Duchesse”

Une journée dans le quartier “Centre historique -Duchesse”, 28 octobre 2011

Pour notre deuxième journée de repérage, nous nous rendons dans le quartier “Centre historique -Duchesse”. Dans ce quartier encore une fois dense en initiatives et associations, nous rencontrons 7 acteurs qui nous ont été révélés lors de l’atelier du 18 octobre : Oxfam-Solidarité, l’asbl La Rue, le restaurant social « Les uns et les autres », la maison de quartier Bonnevie, l’association L’espoir et ses logements passifs, l’asbl Retour à la Nature et enfin la Maison des cultures et de la Cohésion sociale.

Comme dans le Quartier Maritime, nous sommes à nouveau frappés par la philosophie transversale de ces projets. Si quasiment tous adoptent une approche sociale du territoire (cohésion, insertion, …), d’autres dimensions du développement durable sont également utilisées comme des « moteurs », qui permettent de rassembler les citoyens autour de projets.

 

Oxfam-Solidarité

Notre journée commence chez Oxfam, ONG très présente en Belgique. L’antenne Molenbeek-Beekkant, où nous rencontrons Khalid Bencer, est le site bruxellois principal de revente d’objets de seconde main. Il donne une seconde vie au matériel fourni par de nombreux donateurs, allant du particulier aux entreprises, en passant par les administrations. Sur le plan local, par son magasin, Oxfam permet à tout un chacun de se vêtir, de se meubler mais aussi de s’équiper en informatique à moindre coût. Sur toute la chaîne du recyclage (ramassage, tri, réparation, vente…), Oxfam agit aussi sur la réinsertion professionnelle et sociale en engageant des employés sous statut “article 60” parmi une palette d’employés aux profils diversifiés. Certains des dons matériels – mais aussi les bénéfices engendrés par les ventes – permettent à Oxfam de mener, à l’échelle internationale cette fois, de multiples actions dans le domaine de la coopération Nord-Sud

 

La Rue, éducation permanente dans les quartiers populaires du bas de Molenbeek

Nous rencontrons ensuite Carine Barthelemy et Christian Ledocq de l’asbl La Rue. Active depuis bientôt 35 ans, La Rue fait partie des acteurs incontournables du quartier. L’association mène un travail conséquent dans les domaines du logement, de l’éducation et de l’espace public au travers d’activités diverses à destination à la fois d’enfants, de jeunes et d’adultes. Ses actions se situent sur le terrain de la formation, de l’accompagnement aux démarches administratives, de la prévention (notamment contre l’insalubrité et ses dangers), de l’animation ou encore du soutien à la vie de quartier (participation dans le cadre de projets d’urbanisme, fêtes, etc…). Parmi le riche foisonnement des projets qui nous sont présentés très rapidement, nous découvrons l’un d’entre eux un peu plus en détail: le jardin urbain. Nous continuons la discussion à l’extérieur en visitant le jardin de la rue Fin dans lequel La Rue conduit, entre autres, un travail de sensibilisation à l’environnement après des habitants du quartier et des élèves: une classe a même sa propre jardinière! Ce jardin ouvert sur le quartier grâce au système de permanences est aussi un véritable lieu de rencontre.

 

Les uns et les autres, restaurant social

Nous profitons du temps du midi pour rencontrer André Vandeperre, coordinateur du restaurant social Les uns et les autres. Encore un très beau projet ayant une portée une portée sociale importante dans le quartier. Avec son menu au prix adapté aux revenus, ce lieu ouvert à tous accueille familles, personnes âgées et employés des bureaux voisins. La cuisine, oeuvre d’une équipe de personnes en formation dans le cadre de projets de réinsertion professionnelle, se veut à la fois saine et fine (présentation soignée, assaisonnement subtil). Les apprentissages se diversifient aujourd’hui avec la gestion d’un petit potager (dont les aromates viennent parfumer notre repas) et la professionnalisation d’une équipe de nettoyage, mais aussi par l’extension du restaurant à un service traiteur et sandwicherie. Cette dernière permet au restaurant de davantage s’ouvrir sur le quartier tout en proposant, ce qui est encore trop rare à l’heure actuelle, une formule de restauration rapide mais équilibrée (sandwiches frais, soupes, …).

 

Bonnevie, Maison de quartier

Face au parc Bonnevie, dans la maison de quartier du même nom, Gwendoline Daems nous présente l’action que l’asbl mène autour de l’habitat. Une équipe d’architectes, d’agents sociaux, d’animateurs et d'”hommes à tout faire” en réinsertion professionnelle formés par l’association épaule les personnes, locataires et propriétaires, pour améliorer leurs conditions de logement. Cette aide se formalise de façon directe (réparations, entretien, location de matériel professionnel à moindre coût) ou indirecte (guidance vers les services publics compétents : subsides à la rénovation, demande de logement social, …). Bonnevie est aussi associée au groupe d’action ALARM engagé dans le lobbying exercé sur les politiques, notamment en matière de droit au logement. Habiter est non seulement une affaire de logement mais aussi d’environnement, dans lequel les habitants circulent et se rencontrent. C’est pourquoi Bonnevie intervient également dans les projets d’aménagement des espaces publics du quartier. L’association soutient la participation des habitants, et notamment des jeunes, aux projets tels que le parc Bonnevie, juste en face, tout récemment rénové. Un des projets dans lesquels l’association est impliquée actuellement est l’aménagement de la section de la « coulée verte » qui, dans le futur, reliera le parc à la tive opposée (côté Bruxelles-Ville) du Canal. En filigrane de ses actions Bonnevie intègre constamment les préoccupations environnementales par la verdurisation, les économies d’énergie, le soutien à la mobilité douce, etc.

 

L’Espoir, logement passifs haut en couleurs

Rue Fin, nous découvrons le projet d’immeuble collectif qui a vu le jour grâce au collectif L’Espoir : 11 nationalités différentes, 14 couleurs permettant d’identifier la façade de chaque logement. Le bâtiment est cerclé de bois qui structure des coursives à l’avant et barde les façades donnant sur de petits jardinets privés en façade arrière. Fadel, qui depuis 2004 entraîne des membres des 14 familles à participer à la conception du projet, nous reçoit dans son appartement.

Initiées dans le cadre du Contrat de Quartier « Fonderie-Pierron », ces habitations ont la particularité d’être des logements sociaux en acquisition, ce qui signifie que leurs occupants en sont à terme les propriétaires. L’autre innovation, c’est que le bâtiment, dit passif, ne nécessite pas d’énergie pour le chauffage. Marocain d’origine, Fadel nous avoue cependant en souriant qu’au creux d’hivers rudes, tels que l’hiver dernier, une couverture sur les genoux vient compléter à merveille le grand sofa traditionnel. Ces deux particularités font de ce logement social un exemple en matière de développement durable, que ce soit sur le plan social, économique, environnemental ou encore de la gouvernance publique. Aujourd’hui, les habitants volontaires ont été nommés “ambassadeurs”. Forts de leur expérience de vie un peu particulière dans ce type de bâtiment, vieille d’une année maintenant, ils iront témoigner de leur vie quotidienne et « former » de futurs habitants de logements sociaux tels que ceux du bâtiment L28, dans le Quartier Maritime, au bien vivre dans l’habitat passif.

 

Retour à la nature, asbl et herboristerie

Nous sommes ensuite reçus par Mustapha El Hamel dans l’herboristerie de la rue Fernand Brunfaut. En entrant nous découvrons flacons et sachets de plantes, huiles et autres poudres, de l’usage culinaire à l’usage médicinal, en passant par le cosmétique. Une fois installés dans l’arrière boutique, Mustapha nous explique rapidement son activité, soit entre autre, de partager avec de jeunes étudiants en herboristerie les savoirs qu’il a acquis au Maroc et de leur faire connaître – ainsi qu’aux public molenebeekois et plus largement bruxellois – le potentiel de ces plantes méditerranéennes. Un autre enjeu pour lui est de bien se démarquer de la charlatanerie dans laquelle se complaisent bien d’autres officines : pour lui, les plantes permettent simplement d’améliorer le quotidien en procurant du plaisir par le goût, le toucher ou l’odorat ; elles sont d’excellents agents de prévention, en aidant à conserver la santé. Toujours à l’écoute, Mustapha nous l’assure : il se refuse à proposer quelque philtre d’amour ou médicament miracle que ce soit !

 

Maison des cultures et de la cohésion sociale

La journée se termine par la rencontre de Dirk Deblieck, le directeur de ce haut lieu socio-culturel abrité par un ancien lycée technique à l’architecture majestueuse. Entre les frappes de djembés qui résonnent dans la classe d’à côté, l’une des premières phrases de Dirk – « Dans l’idéal, je voudrais que nous soyons une école » – permet de saisir le centre de gravité de ce projet ambitieux : la culture comme vecteur, comme outil d’émancipation sociale et de développement individuel. Si les productions culturelles de classe nationale et internationale sont monnaie courante sur la scène de la MCCS, la culture est aussi et surtout considérée ici comme une occasion de rencontrer ses voisins, et, plus particulièrement encore, de s’ouvrir à soi et aux autres. En effet, les projets créatifs impliquent de faire marcher son imagination, monter le projet, produire des oeuvres matérielles et immatérielles, les présenter au public….Une série de savoir-faire qui permettent, aux jeunes, notamment, « d’acquérir de la confiance en soi, de mieux travailler à l’école, de mieux marcher en rue ».